Des graines de champions portent l'industrie vaudoise

Championnats Vaudois de l'Industrie 2015

Des graines de champions portent l'industrie vaudoise

Lors du Salon des métiers et de la formation qui a eu lieu au Palais de Beaulieu à Lausanne en fin novembre 2015 étaient organisés les Championnats Vaudois de l'industrie. Ce concours destiné aux apprentis des branches MEM a vu 32 finalistes se disputer les plus hautes marches du podium. Un jury composé d'enseignants professionnels du CFVI, de l'ETML et du CPNV, ainsi que des Chef expert du canton ont eu la difficile tâche de départager les meilleurs d'entre eux.

Organisé sur et pendant le Salon des métiers et de la formation, ce championnat a demandé une logistique assez importante. En effet une petite usine avait été montée pour l'occasion sur le stand « Village Technique » de Mecaforma, afin de permettre à tous les finalistes de travailler dans les meilleures conditions. Cela sous-entend, un ilot par profession, soit des machines-outils pour les Polymécaniciens, poste à souder et machine de tôlerie pour les Constructeurs d'appareils industriels, oscilloscope et multimètre pour les Electroniciens et montages pneumatiques et électriques pour les Automaticiens. A noter que le stand « Village Technique » de Mecaforma est le plus grand du salon grâce aux efforts conjoints du GIM-CH et de tous ses partenaires, il est aussi celui qui attire le plus de visiteurs.

Un concours pour les meilleurs des meilleurs

Ce concours est ouvert aux jeunes des 4 professions citées ci-dessus, qui sont un peu les métiers phares de la branche MEM, et cela dès la 3e année d'apprentissage. L'inscription est gratuite et les candidats sont sélectionnés par les jurys sur la base du dossier qu'ils auront présenté ainsi que de leur bulletin de notes du dernier semestre scolaire et des notes de l'examen partiel. Une évaluation, sous forme d'entretien, est ensuite effectuée avant de le qualifier pour la finale des Championnats Vaudois de l’Industrie. Motivation, mérite, persévérance, engagement peuvent faire pencher la balance.

Les 32 finalistes se sont succédés sur le stand pendant 5 jours, chaque épreuve durant une journée. Il y a 2 épreuves par métier, par exemple pour les Polymécaniciens il y a une pièce de tournage et une de fraisage avec des complications particulières liées au métier. Ces pièces seront ensuite notées par le jury par rapport à un barème préétabli pour définir la place de chaque apprenti(e) du premier au dernier. Les 3 premiers vainqueurs de chaque corps de métiers se sont vus remettre chacun leur médaille, or, argent et bronze. A savoir que ces magnifiques médailles, en aluminium, ont été usinées à Mex par les apprentis du CFVI sur des fraiseuses CNC Fehlmann après FAO avec GibbsCAM avant d'être eloxées en couleur, jaune, naturel et noir. Ils ont reçu en prime un prix et leur diplôme mais surtout, en dehors de la satisfaction d'être monté sur le podium, la cerise sur le gâteau est la qualification pour les Championnats Suisses (Swisskills). Le classement des Championnats Vaudois de l’Industrie est visible sur le site de MECAFORMA à l'adresse suivant : www.mecaforma.ch/championnats. Les premiers pour chaque métier sont : Dylan Morocutti du CPNV pour les Automaticiens, Julien Gasser de l’ETML pour les Electroniciens, Jordan Pasquier de chez Herren Frères & Cie à Yverdon pour les Constructeurs d'appareils industriels et Alexandre Voutaz des Forces Aériennes à Payerne pour les Polymécaniciens.

Un Salon pour les jeunes

Le Salon des métiers et de la formation est ouvert à tous les jeunes qui cherchent à apprendre un métier. Presque tous les métiers sont représentés mais nous nous intéressons ici aux métiers de notre branche, l'industrie des machines, représentée par l’impressionnant stand « Village Technique » de Mecaforma (GIM-CH) et de ses co-exposants à savoir : Swissmem, le CFVI, Bobst SA, l'ETML, Matisa SA, L'EPFL, Brutsch et Ruegger, l'EPFL, Bosch SAPAL SA et la FSPM.

« C'est un salon sur la promotion des métiers de manière très vaste et général et nous représentons ici évidemment tous les métiers de l'industrie. Nous avons en tout 7 métiers qui sont présentés ici. Le concept de ce stand est le suivant : Le CFVI (Centre de formation vaudois de l'industrie) avec différents co-exposants viennent sur place avec des formateurs et des apprentis pour présenter un métier. » explique Antonio Rubino, Secrétaire Général du GIM-CH. Les jeunes qui se rendent sur ce stand peuvent découvrir 7 de nos professions représentées, à savoir Automaticien-ne CFC, Electronicien-ne CFC, Polymécanicien-ne CFC, Constructeur-trice d'appareils industriels CFC, Dessinateur-trice Constructeur-trice Industriel-le CFC. et Agent-e technique des matières synthétiques CFC. Ces métiers débouche sur un CFC en 4 ans, mais il y a aussi des métiers avec un CFC qui se fait en 3 ans, il s'agit de Monteur-se automaticien-ne CFC, Mécanicien-ne de production CFC et Opérateur-trice sur machines automatisées CFC.

Nos visiteurs pourront surtout voir de leurs propres yeux à quoi ressemblent les métiers de l'industrie MEM, discuter avec des apprenti(e)s de leur âge qui sont en cours de formation et avec les formateurs présents. Ces derniers présentent les métiers en donnant des informations relatives aux prérequis pour exercer tel ou tel profession, compétences scolaires mais aussi manuelles. Mais c'est surtout la présentation de pièces techniques qui peuvent être manipulées et auscultées sous tous les angles qui plait aux jeunes visiteurs.

Entendre le bruit caractéristique d'une machine CNC en plein travail attire déjà les visiteurs dès l'entrée du salon, mais il y a aussi les « machines à Tinguely » des automaticien(e)s qui font circuler une balle de ping-pong grâce à la force pneumatique le long d'un parcours torturé. Mais c'est aussi une imprimante 3D ou encore un petit robot humanoïde qui ont attiré les jeunes passionnés de nouvelles technologies sur le stand. Bien-sûr l'animation phare c'est le Championnats Vaudois de l'Industrie avec ses finalistes qui s'affrontent devant un publique nombreux. En prêtant l'oreille ici et là il est fascinant de constater à quel point les jeunes sont curieux et entament de grandes discussions avec les apprentis présents lors de ce salon. Avoir des intervenants du même âge qu'eux rend la prise de contact plus facile, mais c'est surtout la fierté et la motivation des apprentis présentant leur profession qui fait plaisir, car leur passion est vraiment contagieuse et animée par la fougue de leur jeunesse.

Les métiers MEM, des professions d'avenir

Le choix d'organiser ce concours au Salon des métiers et de la formation a été mûrement réfléchi, car avec 30'000 visiteurs sur 6 jours constitués essentiellement de jeunes âgés de 14 à 16 ans à la recherche d'un métier, on ne pouvait rêver d'un meilleur publique. C'est une manière originale d'offrir aux jeunes visiteurs un mélange entre informations pratiques, théoriques et de proposer à travers les Championnats Vaudois de l’Industrie un événement « live » en conditions réelles de travail. Quoi de mieux pour se rendre compte de la vraie nature d'un métier, alors que l’on n’a pas encore ou que l'on vient de quitter les bancs de l'école. « C'est un très bon concept pour tout ce qui est promotion des métiers pour montrer aux jeunes l'attrait des métiers MEM. Ces derniers temps nous entendons beaucoup de mauvaises nouvelles, délocalisations, franc fort, etc.. Mais ce sont toujours des métiers qui attirent et il est important de donner les meilleures informations aux jeunes qui viennent nous trouver sur notre stand. » précise Antonio Rubino. « L'importance des Championnats Vaudois de l’Industrie est de mettre en valeur ces métiers qui sont des professions d'avenir. On entend beaucoup parler de cursus académique mais la Suisse est avant tout un pays de formation dual et nos entreprises sont à même d'offrir à ces jeunes les meilleures conditions pour se former et obtenir leur CFC » poursuit Yves Defferrard, responsable secteur industrie à Unia vaud. Il continue en précisant que « La Suisse est un pays d’excellence, ce concours qui se déroule ici même démontre bien qu'elle est attachée à ses traditions d’excellence. Nous mettons en valeur ses apprentis de manière à ce qu'ils puissent aussi représenter la Suisse aux Swisskills et aux Championnats du monde. L'année dernière la Suisse a été brillamment représentés dans plusieurs métiers lors de ces championnats mondiaux. C'est une vitrine de la Suisse, c'est important au travers des apprenti(e)s de pouvoir représenter ces entreprises vaudoises et leur savoir-faire... L'apprentissage est la première étape dans le monde professionnel pour tous ces jeunes, il est important de mettre ces métiers en valeurs et de les présenter sous leur meilleur jour aux parents comme aux futur(e)s apprenti(e)s» termine Yves Defferrard. Le financement de ces Championnats Vaudois de l’Industrie est assuré en grande partie par les partenaires sociaux, par le GIM-CH et l'Etat de Vaud mais aussi par la Fondation MEM, cette fondation a été créé il y a 10 ans sous la loi MEM, où cotise collégialement patrons et salariés. Les vocations de cette association sont la création de places d'apprentissage, mais aussi la promotion des métiers de l'industrie et grâce à ces financement a pu être créé « Mecaforma », l'organisation qui permet justement de mettre en valeur ces métiers comme c'est le cas lors du Salon des métiers et de la formation. François Schoch, Président du GIM-CH et CEO de First Industries précise aussi que « Il ne faut pas oublier que l'industrie des machines reste compétitive en terme de qualité. Cela fait déjà longtemps que la Suisse est beaucoup plus chère que la concurrence étrangère et ça bien avant l'histoire de la BNS, rappelons nous de la valeur du Dollar ou de l'Euro il y a 10 ou 15 ans par rapport au Franc Suisse. Malgré cela l'industrie Suisse des machines à toujours été bien présente sur ces marchés. » et de poursuivre par « Pourquoi je dis cela ? C'est extrêmement important, cette qualité-là fait qu'au final le client achètera une machine Suisse plutôt qu'un produit étranger. Donc c'est bien la qualité qui est en jeu, et cette qualité commence avec de la main d’œuvre qualifiée. C'est pourquoi ces Championnats Vaudois de l’Industrie sont importants, cela permet de détecter les talents et de donner envie aux jeunes de rentrer dans ces métiers. Mais c'est aussi une fierté qui rejailli sur l'entreprise qui forme le candidat. L'objectif final est bien de garder et cultiver cette excellence que nous avons dans l'industrie Suisse. » La formation des futures générations se porte donc bien et cela malgré les contraintes de compétitivité qui pèsent sur les entreprises. Les chiffres parlent d'eux-mêmes et grâce au GIM-CH et à la Fondation MEM la promotion des métiers de l'industrie tourne à plein régime. Le nombre croissant de jeunes embrassant ces corps de métiers est bien la preuve de l’attrait pour ces professions techniques. Il est vrai que ces métiers de l'industrie souffrent encore d'une image peu « sexy » dans certains milieux et qu'à ce niveau il y a encore du travail à faire. Car ce ne sont pas les jeunes qui nourrissent des aprioris vis à vis de ces métiers, mais bien les enseignants (à l'école) qui ne connaissent pas ou peu ces professions ou les parents qui en ont une idée faussée plus proche des Temps modernes de Charlie Chaplin que de la réalité. Il ne faut surtout pas oublier que ces métiers ne connaissent pas ou que peu la crise, qu'ils permettent de rapidement bien gagner sa vie et de faire vivre une famille, mais qu’ils offrent aussi tout un éventail d'évolutions professionnelles qui n'existent pas dans d'autres professions. L'augmentation constante du nombre de jeunes hommes qui embrassent ces métiers, mais surtout de jeunes femmes, est bien encore une preuve de l'attrait de ces métiers d'avenir. Grâce aux efforts conjoint des milieux associatifs, GIM-CH et Fondation MEM en tête, aussi et surtout des patrons eux-mêmes, les professions de la branche MEM deviennent de plus en plus attrayantes et continueront à l'être plus encore à l'avenir.

Et pour l'avenir ?

Continuer la promotion des métiers MEM bien-sûr, mais aussi créer un « championnat romand », qui deviendra alors l'étape intermédiaire entre les Championnats Vaudois de l’Industrie et Swisskills. Il faut encore pouvoir proposer plus de places d'apprentissage aux jeunes et aider les petites entreprises qui manque de ressources humaines pour former des apprentis à pouvoir devenir elles aussi des entreprises formatrice. En cela le GIM-CH, avec son Centre de Formation Vaudois de l’Industrie (CFVI), fait déjà un magnifique travail en encadrant les apprentis durant leur 2 premières années de formation de manière à soulager les plus petites structures qui ne peuvent assigner un collaborateur à 100% pour former un jeune. Ensuite, dès la 3e année, ils peuvent réintégrer leur entreprise avec déjà un très bon bagage théorique et pratique et une importante autonomie. Ce qui ressort des discussions entamées avec les responsables et les formateurs c'est leur dévouement pour cette jeunesse qui ne demande que l'opportunité de pouvoir entrer dans la vie active et construire un avenir serein. Mais c'est aussi et surtout cette envie de partager et transmettre la passion de leur métier et les jeunes le leur rendent bien. Il suffit de les écouter parler avec passion de leur formation, de leur métier pour se rendre compte que le fruit ne tombe jamais loin de l'arbre. <<

Auteur

Gilles Bordet, rédacteur MSM

Coordonnées

Mecaforma

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